Nous
sommes vingt ans après la suspension de l’appel sous les drapeaux. L’impasse
dans laquelle se trouvent nos armées (l’AdT[1]
en particulier), l’incapacité à constituer une réserve mobilisable montre à
quel point les défenseurs de la conscription étaient dans le vrai, au point que
des voix s’élèvent aujourd’hui pour un nouveau service national.
Ringard,
Injuste, inégalitaire, perte d’une année professionnelle pour les jeunes
diplômés, technicité trop importante des armements pour les appelés, tels
furent quelques uns des arguments utilisés lors de la campagne de dénigrement
du service militaire, alors que tous ce qu’il avait de positif fut passé sous
silence. Nous avons jeté le bébé avec l’eau du bain et ensuite cassé la
baignoire.
Mais le
service Militaire c’était aussi --- et il pourrait le redevenir --- le ciment
de la nation par la cohésion sociale, l’intégration des jeunes issues de
l’immigration, le contre poison au communautarisme et la défense de la laïcité.
La formation au civisme, aux valeurs de la république, la prise de conscience
de notre mémoire collective. C’est encore l’apprentissage à vivre au sein d’une
structure hiérarchique et/ ou du commandement, le travailler et faire des
efforts ensembles. C’est encore un moyen de promotion social par
l’apprentissage d’un métier. C’est pour les armées un recrutement de qualité,
une plus grande ouverture sur la nation par la diversité d’origine de culture
et de formation des personnels présents dans nos forces et encore bien d’autres
avantages que l’on pourrait développer.
C’est
enfin le lien puissant entre nos armées et notre nation. Nos cadres militaires
ont, alors aussi, pour mission noble une partie de la formation de notre
jeunesse.
Le
choix de l’armée de conscription est politique c’est celui de la défense du
territoire et de sa population. C’est rendre à la nation et aux assemblées le
contrôle de la violence légitime, alors que l’armée professionnelle est le bras
armée du pouvoir exécutif. Une armée mixte, appelés et engagés, c’est aussi un
positionnement géostratégique différent de la France, plus indépendant qui
n’empêche nullement d’avoir des alliances.
Alors
quel service militaire aujourd’hui ? Et à quels critères doit-il
répondre ?
Il doit être le plus universel
possible pour les filles et les garçons.
Il doit être de courte durée
probablement 6 mois.
Mais il doit également dispenser une
formation militaire de la meilleure qualité possible.
Dans
notre ancien système existaient des préparations militaires de différents
niveaux et ou spécialisées par armes et par armées. Il faut développer et
moderniser ces formations pour permettre aux jeunes de commencer
l’apprentissage du métier de soldat par période bloquées plus ou moins longue
et/ou en se formant sur des journées ou demi journées, pendant les vacances en
fonction de leur cursus scolaire ou professionnel. Ils pourraient y acquérir
les connaissances sanctionnées par l’obtention d’une Unité de Valeur qui leur permettraient de passer à une étape
supérieure de formation et arriver au service militaire déjà prêts à servir
d’autant mieux si en plus ils ont une qualification professionnelle ou un
diplôme universitaire utile aux armées.
Un
véritable continuum de formation doit être pensé permettant en fonction du
nombre d’UV acquit d’accéder y compris à des formations de sous-officier,
officier marinier et officier. Le service militaire terminé cette organisation
est transposable aux futurs réservistes ---La démonstration est faite
aujourd’hui que sans service militaire il n’y a pas de réserve[2]
---. Le service militaire n’est plus alors qu’un simple pourvoyeur d’effectifs
mais une véritable étape dans la formation des hommes et des femmes citoyens et
citoyennes de ce pays.
En
conclusion je citerai Marc Bloch qui écrivait dans son livre l’Étrange
défaite: « IL ne faut pas omettre de distinguer la guerre que l’on décide
volontairement de faire et celle qui vous est imposée, entre le meurtre et la
légitime défense. »
Il faut
avoir conscience que le monde d’aujourd’hui est en pleine ébullition. En cas de
crise grave, si toutes les solutions diplomatiques devaient être épuisées et
sans effet les armées resteraient le dernier recours pour protéger la nation.
La dissuasion nucléaire seule ne suffit pas. Elle est un peu notre Ligne
Maginot actuelle, il faut aussi une armée conventionnelle capable de monter en
puissance et seule la conscription le peut et permet d’avoir une Réserve.
LCL (h)
Pytkiewicz
Ancien
Secrétaire Général de la Fédération des Officiers de Réserve Républicains.
Membre
de la commission de défense du PCF
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